Ce commissaire de police, qui cumule depuis deux ans les fonctions de coordonnateur technique numéro un et de coordonnateur de la direction des opérations, s’active depuis plusieurs semaines à assembler autour de lui les proches du directeur en détention, au grand dam du chef de la DGRE par intérim, Monkouop Mominou. Le tout dans un climat de méfiance jamais vu au « Lac », le surnom donné au siège de la DGRE.

Originaire du Littoral, James Elong Lobe a fait le pari que Léopold Maxime Eko Eko ne reviendrait probablement pas à la DGRE. Et sa double casquette le pose en candidat sérieux au remplacement de son mentor au sein des renseignements : alors simple directeur des renseignements généraux à la police, Léopold Maxime Eko Eko l’avait en effet pris sous son aile. Mais l’avantage de James Elong Lobe reste fragile. Et il devra en outre composer avec les hommes restés fidèles à son rival, Justin Danwe.

Car l’affaire Zogo a été le révélateur d’un conflit sourd à la tête du renseignement extérieur, qui couve depuis deux ans. En novembre 2021, Léopold Maxime Eko Eko avait déchargé Justin Danwe de plusieurs prérogatives, sur la base de rapports faisant état de présumés « manquements ». Le patron de la DGRE avait alors nommé James Elong Lobe coordonnateur, avec autorité sur Justin Danwe. Ce dernier avait succédé au premier à la tête de la Direction des opérations de la DGRE, que James Elong Lobe occupait alors depuis près de neuf ans.

Justin Danwe, lieutenant-colonel de la gendarmerie passé par tous les échelons du service, diplômé de l’Ecole militaire interarmées l’EMIA, l’une des institutions de formation les plus prestigieuses de l’Etat, n’a jamais vraiment digéré d’être chaperonné par un commissaire divisionnaire de la police nationale.

Les rapports entre James Danwe et James Elong Lobe sont devenus de plus en plus tendus, à mesure que se rapprochait la date de départ à la retraite de Léopold Maxime Eko Eko, officiellement prévu fin 2022. Et la compétition entre les deux hommes s’est accrue. La fonction de directeur des opérations, occupée par James Danwe, constitue théoriquement la voie royale vers la direction générale. Mais, cité dans l’affaire Zogo, ce dernier semble désormais grandement fragilisé.

Ces derniers mois, James Elong Lobe avait pris ses distances avec Léopold Maxime Eko Eko, pour se rapprocher en toute discrétion de la présidence dans sa campagne pour la direction de la DGRE. S’il n’est pas le premier choix du secrétaire général de la présidence de la République (SGPR), Ferdinand Ngoh Ngoh, les deux se connaissent et ont déjà travaillé ensembles sur plusieurs dossiers. Et, détail instructif, depuis plusieurs mois, James Elong Lobe s’est accordé les services d’un nouveau chauffeur, originaire du même village que le SGPR, Minta.

Le choix de James Elong Lobe de se rapprocher du SGPR n’est pas anodin : l’inimitié entre ce dernier et Léopold Maxime Eko Eko n’était un secret pour personne à Yaoundé. Ferdinand Ngoh Ngoh a d’ailleurs tenté à plusieurs reprises de proposer un successeur au patron de la DGRE aujourd’hui inculpé.