Les autorités de la concurrence ont approuvé le 28 mars la prise de la filiale du britannique Diageo par la branche locale du groupe Castel.
L’acquisition de Guinness Cameroun (Diageo) par la Société anonyme des boissons du Cameroun (SABC, groupe Castel) est effective. Les autorités de la concurrence du Cameroun et de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ont approuvé la transaction le 28 mars 2023.
« L’acquisition de Guinness Cameroun va créer à terme un grand nombre d’opportunités hautement bénéfiques pour la filière, que ce soit en termes d’emplois, de synergies industrielles ou de brassage culturel », indique Stéphane Descazeaud, le patron de SABC, dans une communication au personnel en date du 29 mars 2023.
L’annonce de cette transaction, d’un montant de 458,9 millions d’euros, qui ne concerne que la branche boissons de la filiale de Diageo – le volet spiritueux faisant actuellement l’objet d’une négociation entre le britannique et le groupe local Gracedom de Jacqueline Dongmo , avait été faite le 14 juillet, sous réserve des autorisations nécessaires.
Suivie en décembre par le dévoilement par SABC d’un plan d’investissements de 200 milliards de francs CFA (304,9 millions d’euros),
afin de « renforcer nos capacités de production, d’accompagner le développement du marché des boissons qui est en constante croissance, de compléter et élargir notre gamme avec l’intégration des marques Guinness », détaille Stéphane Descazeaud.
CEMAC: LA DÉCISION D’APPROBATION N’A FAIT L’OBJET D’AUCUNE PUBLICATION OFFICIELLE
Mais l’accord des autorités de la concurrence promet d’autres rebondissements.
« Nous sommes choqués par la manière dont les autorités de la Cemac ont traité ce dossier, en marge de la loi et en dépit de nos démarches. En outre, leur décision d’approbation n’a fait l’objet d’aucune publication officielle, ce qui montre l’opacité qui entoure cette procédure », a réagi Roland Abeng, avocat de l’Union camerounaise de brasseries (UCB).
La filiale du groupe Kadji avait adressé une demande d’information le 13 décembre au président du Conseil communautaire de la concurrence (CCC), l’organe technique de la Commission de la Cemac en charge d’étudier le dossier. Elle souhaitait savoir, entre autres, si le résumé de l’opération avait été publié dans le bulletin officiel de l’institution, comme l’exige la loi communautaire, afin de permettre à des tiers de faire valoir leurs observations. UCB a également avait saisi le ministre camerounais de l’Économie de l’ époque Mr Alamine Ousmane Mey, en tant que président à l’époque du comité ministériel de l’Union économique de l’Afrique centrale, ainsi que Luc Magloire Mbarga Atangana, son homologue du Commerce et autorité locale de la concurrence
En réaction, le Gabonais Daniel Ona Ondo, président sortant de la Commission de la Cemac, informait le 23 janvier 2023 les avocats de la troisième entreprise brassicole du Cameroun de ce que l’examen du « projet de concentration » se poursuivait, et les invitait à communiquer leurs « observations et documents » sur les conséquences de l’opération. Ce à quoi les conseils d’UCB réitéraient, le 13 mars 2023, leurs exigences, dont la publication préalable du résumé de la transaction.
Face à ce nouveau développement, « nous irons à N’Djamena », martèle Roland Abeng, en référence à la Cour de justice de la Cemac, installée dans la capitale tchadienne, afin d’attaquer la décision communautaire.