Le mandat du patron des patrons arrive bientôt à son terme. En coulisses, la perspective de sa succession aiguise déjà les convoitises. Chacun tente de mobiliser ses soutiens et ce, jusqu’à la présidence.
L’information en dit long sur les appétits que soulève la direction du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) : courant avril, deux visiteurs ont été reçus par le directeur du cabinet civil à la présidence, Samuel Mvondo Ayolo, et ce à la demande de Luc Sindjoun, conseiller spécial à la présidence.
Un troisième mandat pour Tawamba ?
Le premier, Emmanuel Wafo Foko, est un chef d’entreprise battant campagne depuis plusieurs semaines pour succéder à Célestin Tawamba à la tête du patronat camerounais. Le second, Gabriel Mbairobe, est ministre de l’Agriculture. Les deux hommes sont proches depuis les années où Mbairobe dirigeait la Société de développement du coton. MIT Chimie, la petite entreprise familiale spécialisée dans la fabrication de contenants plastiques dont a hérité Wafo Foko, a d’ailleurs décroché plusieurs marchés de fourniture de machines d’usinage pour la Sodecoton.
Selon nos informations, si les deux hommes se sont rendus à la présidence, c’est pour obtenir l’appui du gouvernement et empêcher Célestin Tawamba de prolonger son mandat à la tête du patronat camerounais, lequel effectue en théorie son deuxième et dernier mandat à la tête de l’organisation.
Projet de fusion
Le 5 avril 2023, le Gicam a fusionné avec E.cam, l’autre grande organisation patronale du Cameroun. Cette opération, si elle est entérinée par l’assemblée générale du Gicam, donnera naissance à une nouvelle entité regroupant près de 1 400 entreprises. De nouveaux statuts seront adoptés et les compteurs seront remis à zéro, permettant à Célestin Tawamba de briguer un troisième mandat.
Cette perspective déplaît évidemment à Emmanuel Wafo Foko, candidat déclaré à la succession de Tawamba avec le soutien d’André Siaka, un ex directeur de SABC (devenue Boissons du Cameroun), une filiale locale du groupe Castel qui dirigea le Gicam de 1993 à 2008.
Rien n’a filtré de l’entretien qu’ont eu Wafo et Mbairobe avec l’un des plus proches collaborateurs du chef de l’État. Mais à la suite de cette audience, Luc Sindjoun a téléphoné à plusieurs membres du gouvernement et à des adhérents du Gicam, laissant entendre qu’Etoudi était contre la reconduction de Tawamba au Gicam. Aura-t-il convaincu le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji ? Ce dernier a en tout cas déjà instruit ses collaborateurs de se tenir prêts à intervenir en cas de menace de trouble à l’ordre public.
Candidat ou pas ?
Au sein de l’organisation patronale, en dépit de l’intense lobbying de ses adversaires, Tawamba refuse de s’exprimer sur le sujet tandis que la directrice exécutive, Aline Mbono, communique a minima et joue la sérénité. Car selon nos informations, le conseil d’administration – dont Wafo Foko et Siaka ne sont pas membres – a déjà validé le processus de fusion.
L’élection pour la présidence du Gicam devrait avoir lieu en décembre prochain. Célestin Tawamba n’a pour l’instant pas officialisé ses intentions, pas plus que Protais Ayangma, le président d’E.cam.