L’avocat Akere Muna a déposé trois dénonciations contre chacune des sociétés impliquées dans le scandale Glencore, afin que la justice se saisisse du dossier. Objectif est de retrouver les auteurs avec lesquels le géant des mines et du négoce a collaboré dans le pays.
Akere Muna n’entend pas baisser les bras dans le scandale pour lequel le géant du négoce de matières premières a été condamné à payer 321 millions d’euros pour corruption en Afrique. En tout cas, pas dans le volet de l’affaire mêlant la branche locale de Glencore et des agents de deux entreprises publiques camerounaises : la Société nationale de raffineries du Cameroun (Sonara) et la Société nationale des hydrocarbures (SNH).
Après avoir saisi, en mai 2022, la Commission nationale anticorruption (Conac), la chambre des comptes de la Cour suprême et l’Agence nationale d’investigation financière (Anif), l’avocat et militant de la lutte anticorruption a déposé le 11 avril 2023, trois dénonciations contre les deux sociétés actives dans le secteur des hydrocarbures ainsi que Glencore Exploration Cameroon Limited.
Dans le document de 107 pages remis à la justice camerounaise, le bâtonnier Akere Muna liste une série d’infractions dont les fonctionnaires camerounais impliqués dans cette affaire se seraient rendus coupables : corruption, blanchiment d’argent, fraude fiscale et fraude douanière. Car, comme l’avait reconnu le trader Glencore dans ses aveux lors de son procès au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Brésil, des agents de l’État camerounais auraient perçu environ 7 milliards de FCFA en pots-de-vin entre 2011 et 2018, afin de favoriser ses opérations dans le pays.
Problème, l’entreprise n’a jamais divulgué les noms de ses complices au sein des différents pays – dont sept d’Afrique – dans lesquels elle était accusée de mauvaises pratiques.
Akere Muna assure néanmoins que des « engagements ont été pris pour que Glencore aide les gouvernements à débusquer les coupables locaux ». Une telle procédure ne pouvant être enclenchée qu’à la demande des parties plaignantes.
« Nous sommes dans une République, et ceux qui commettent des délits ou des crimes ne doivent pas s’en sortir comme ça. Nous devons nous assurer qu’ils aillent en prison, a commenté l’ancien vice-président de Transparency International, dans une déclaration à la presse. Il est vrai qu’il y a des lenteurs qui peuvent être attribuées à des trafics d’influence, mais nous n’en sommes pas là. Quelqu’un a avoué quelque chose, des décisions ont été rendues, les gens doivent comprendre que si vous faites des choses répréhensibles, vous allez répondre de vos actes ».
Face au silence des entreprises mises en cause, du gouvernement et des agences nationales de lutte contre la corruption, Akere Muna espère ainsi que la justice pourra se saisir de l’affaire et ouvrir une investigation. Car, si Adolphe Moudiki, le directeur général de la SNH avait assuré, dans un communiqué publié au moment où l’affaire avait éclaté en 2022, avoir saisi les autorités américaines et anglaises pour obtenir les éléments qui permettraient d’établir la véracité de ces allégations, aucune information n’a filtré depuis.
Un silence qui intrigue, lorsque les procédures semblent bouger dans les autres pays africains concernés. En RDC notamment, Glencore a accepté de verser 180 millions de dollars au pays pour solder les litiges concernant les accusations de corruption dans le pays, après qu’une enquête avait été ouverte par ministère de la Justice et la Cellule nationale des renseignements financiers.