Le ministre camerounais de l’Économie, Alamine Ousmane Mey, a annoncé lors d’un événement organisé par le groupe de réflexion Atlantic Council, en marge des réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale à Washington, que son pays cherchait à relancer les pourparlers avec les États-Unis en vue de réintégrer l’African Growth and Opportunity Fund (Agoa), l’initiative commerciale phare des États-Unis avec l’Afrique. Cette volonté intervient, alors que Yaoundé frôle le surendettement.
« La réintégration de l’Agoa est l’un des moyens d’éviter le surendettement du Cameroun et améliorer la couverture du service de la dette par les exportations », a indiqué le ministre camerounais de l’ économie.
D’après la Caisse autonome d’amortissement (CAA), en treize ans (2009-2022), la dette publique du Cameroun a augmenté de manière exponentielle (+589 %), passant de 1 904 milliards de F CFA (2,9 milliards d’euros) à 11 216 milliards de F CFA (17,1 milliards d’euros).
Mais, une augmentation constante du PIB au cours de la période étudiée, le taux d’endettement n’a été multiplié que par 2,5 passant de 16,3 % à 40,5 % du PIB. Pour autant, la fluctuation du taux de change face à l’appréciation du dollar américain entre juin 2021 et juin 2022, ont eu une influence néfaste sur la dette publique. Cela a engendré une augmentation de 420 milliards de F CFA (+11,2 %) de l’encours de la dette publique camerounaise en l’espace d’un an.
Face à ce risque accru de surendettement, le gouvernement camerounais a édicté plusieurs mesures. Parmi lesquelles l’amélioration de la capacité d’absorption des ressources d’emprunts projets, le renforcement de l’encadrement et du suivi de la dette des entreprises publiques, la poursuite de la politique d’approfondissement du marché domestique et l’amélioration des politiques visant l’import substitution et l’augmentation des exportations… D’où cet intérêt pour l’Agoa.
Le Cameroun avait été retiré de la liste des pays bénéficiaires de l’Agoa fin 2019 en raison de violations flagrantes et persistantes des droits de l’Homme par les forces de sécurité camerounaises. Avant cela, selon les estimations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les échanges économiques entre ces deux pays s’élevaient à près de 570 millions de dollars. Les principaux secteurs impliqués dans ces échanges sont l’agroalimentaire, l’énergie et les produits chimiques.
Depuis 2017, le Cameroun fait face à une crise sociopolitique dans les deux régions anglophones du pays, où l’armée régulière affronte des milices sécessionnistes, faisant des milliers de morts et déplaçant près de 800 000 personnes. Selon les autorités camerounaises, ces affrontements visent à préserver l’intégrité territoriale du Cameroun face à des séparatistes qui ont pris les armes contre la République.
Dans le contexte des réunions de printemps du FMI et de BM, le ministre camerounais de l’Économie a toutefois précisé que le gouvernement travaillait désormais de manière très transparente et ouverte afin de résoudre tous les problèmes qui avaient été soulevés par les responsables américains sur la réintégration de l’AGOA.
Si le Cameroun réussit à réintégrer le programme, cela permettrait d’améliorer sa position économique, de renforcer sa stabilité financière et de réduire le chômage.