La première session annuelle du conseil d’administration de la Société nationale des hydrocarbures s’est tenue ce 13 juin. Le rachat des actifs de Savannah Energy dans le pipeline Tchad Cameroun a été gelé. Explications.
C’est un nouveau revers qu’Adolphe Moudiki, directeur général de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), vient d’enregistrer dans le dossier d’achat d’actions de la Cameroon Oil Transportation Company (Cotco, chargée de gérer la partie camerounaise du pipeline Tchad-Cameroun). À l’issue du conseil d’administration de la compagnie, qui s’est tenu ce 13 juin2023 à Yaoundé, l’opération d’acquisition par la SNH de 10 % des actifs de Savannah Energy dans Cotco a été « gelée », sur décision du président du conseil, Ferdinand Ngoh Ngoh, par ailleurs secrétaire général de la présidence.
Bras de fer
Contestée par le Tchad, cette opération – qui avait été initialement conclue le 19 avril 2023 pour un montant de 40,95 millions d’euros -, est depuis plusieurs semaines au cœur d’un bras de fer entre le Tchad et le Cameroun. La brouille a connu son pic avec le rappel, le 20 avril, de l’ambassadeur tchadien basé à Yaoundé. Depuis lors, le Cameroun a multiplié les initiatives visant à désamorcer les tensions. Le présidant de la république du Cameroun a notamment envoyé à N’Djamena Ferdinand Ngoh Ngoh, afin que ce dernier s’entretienne avec le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno.
Le chef de l’État a également demandé à son ministre du commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, de transmettre à la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) l’accord du Cameroun pour le rachat par le Tchad des actifs du malaisien Petronas au sein de la Cotco. Ce sésame – indispensable selon les accords régionaux – doit permettre à N’Djamena de détenir 53,7% des parts de l’entreprise de gestion de la partie camerounaise du pipeline – un objectif auquel Mahamat Idriss Déby Itno et son gouvernement tenaient particulièrement.
Un gel, avant la suite…
Mais N’Djamena n’avait pas pour autant accepté la présence de Savannah Energy et restait donc résolue à l’évincer de Cotco. Une nouvelle manche s’était ensuite tenue à Paris, le 24 mai 2023, lors du conseil d’administration de cette dernière. La partie tchadienne – recevant le soutien de la représentante du ministère des Finances camerounais au conseil de Cotco, Menguele Judith Clairence – se heurtait alors au directeur général de la SNH, Adolphe Moudiki, partisan quant à lui du maintien de l’accord avec Savannah. Le conseil s’était soldé sans vainqueur définitif.
Mais, quelques jours plus tard, le patron de la SNH tentait de remplacer Menguele Judith Clairence. Et se voyait opposé le 8 juin un refus de la présidence, qui marquait ainsi son accord avec les visées tchadiennes dans ce dossier. Cinq jours plus tard, lors d’un nouveau round, Ferdinand Ngoh Ngoh, président du conseil d’administration de la SNH, obtenait le gel de l’opération entre Savannah et la société d’hydrocarbures camerounaise.
Une décision dont le gouvernement tchadien a pris acte en s’en réjouissant discrètement. Mais celle-ci n’est pas encore définitive, des négociations étant sans doute encore à venir au sujet de l’actionnariat de Cotco. Entre N’Djamena et Yaoundé, le dossier du différend pétrolier n’est pas refermé.