Une nouvelle étape a été franchie dans la construction de la plus puissante centrale hydro-électrique du Cameroun, celle de Nachtigal. Les travaux de construction de cet ouvrage-clé, censé fournir 30% de l’électricité du Cameroun à partir de 2024, entrent désormais dans leur dernière phase. Une expérience intense pour les ouvriers, avec son lot de bons et de mauvais moments.
Le barrage qui alimentera l’usine de production d’électricité a été rempli pour la première fois ce mardi 18 juillet. Ils sont plusieurs milliers à avoir foulé le sol de Nachtigal, depuis le démarrage du projet en 2019. Un moment d’émotion pour les ouvriers travaillant au quotidien sur le chantier.
Casque de chantier sur la tête, gilet fluorescent au corps, Jean-Claude Onguene, chef d’équipe en maçonnerie, profite de sa pause pour s’asseoir quelques instants. Cela fait deux ans qu’il travaille sur le chantier. « Je suis satisfait d’avoir participé à ce grand projet, parce que quand on était à l’école primaire on nous parlait déjà de ce projet Nachtigal. Moi, je ne pouvais pas imaginer qu’un jour je pourrais y participer. Je sais qu’un jour je vais raconter à mes enfants que j’ai travaillé à Nachtigal. »
Il passe l’essentiel de ses journées debout, sous le soleil brûlant ou la pluie. Des conditions parfois pénibles, admet son collègue Patrice Bowo, chef de chantier depuis trois ans. « Pénible parce que la construction d’un barrage, ce sont des délais et par rapport aux délais, on a aussi les travaux qui mettent la pression, il faut aller plus vite. Dans la peau de l’ouvrier, on n’est pas toujours satisfaits, mais après on se rend compte que c’était bien d’être dans la pression d’un ouvrage comme celui-ci », abonde-t-il.
Des délais très serrés
La pression des délais constitue une observation partagée par leur collègue, Yannick Christian, venu de Douala pour travailler sur le projet, lui aussi en tant que chef de chantier. « Il faut travailler abondamment. Il faut donner au-delà de ses tripes pour pouvoir réaliser ce que vous voyez aujourd’hui. Il fait chaud, on travaille énormément. La direction du projet nous tape dessus. Je dirais plutôt que c’est quelque chose de normal, parce qu’on a des délais qui tournent autour. Il faut réaliser le projet. Je crois que c’est une bonne bastonnade, on peut tolérer, on peut l’accepter ainsi », assure-t-il.
À Nachtigal, le salaire d’un chef de chantier tourne autour de 250 à 300 000 francs CFA par mois. Une rémunération plus importante que sur d’autres chantiers camerounais. Certains ouvriers ont également bénéficié d’une formation pour l’utilisation d’engins spécifiques.
La centrale hydro-électrique de Nachtigal doit entrer en service en 2024. Le projet est porté, conçu et exploité par la société camerounaise Nachtigal Hydro Power Company. La construction est assurée par le groupe français de BTP NGE. Le coût total de l’ouvrage est de 786 milliards de FCFA. Son financement est le fruit d’un partenariat public privé, entre 11 bailleurs parmi lesquels l’État camerounais, la Banque mondiale ou encore la Banque africaine de développement.