Confronté à des voix dissonantes en interne, l’opposant camerounais a affirmé être visé, depuis plusieurs années, par des opérations clandestines montées par des services de l’État.
Ses multiples sorties –pour exprimer son soutien à Michelle Ndoki, probable candidate à la présidence du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), lui valent d’être aujourd’hui dans le viseur de son leader, Maurice Kamto. Accusé par sa hiérarchie d’avoir manqué au « devoir de réserve et de loyauté », Me Richard Tamfuh encourt une exclusion du directoire national, l’instance décisionnelle du parti.
« C’est exactement à cause de ce genre de comportement que je maintiens ma candidature à la présidence du parti, a réagi Michelle Ndoki. Ceci n’est ni le parti, ni le Cameroun que nous voulons. » « Me Richard Tamfu s’illustre depuis un certain temps par des déclarations inappropriées, diffamatoires et insultantes pour certains », rétorque Roger Justin Noah, secrétaire général adjoint du MRC.
« Défiance » envers Kamto
Lors d’une réunion du directoire national qui s’est tenue le 7 juin, Maurice Kamto a rappelé que quiconque est libre de se porter à la tête du parti à condition qu’il respecte les modalités. Au cours de cette assemblée, Me Tamfu a « exaspéré » les autres membres du directoire par son attitude de « défiance envers le président national », affirme Roger Justin Noah.
Il a donc été exclu des groupes WhatsApp du directoire et de la communication, à titre conservatoire, jusqu’à ce que le comité national de médiation et d’arbitrage se prononce sur la procédure disciplinaire à son encontre. D’ici là, Me Richard Tamfu conserve son poste de secrétaire national.
Le MRC « infiltré » par des « espions » ?
Dans un communiqué publié dans la foulée de cette réunion, Maurice Kamto dénonce « un projet ténébreux ourdi par des éléments des services de sécurité de l’État contre des citoyens et des partis politiques ». Selon lui, le MRC serait « infiltré » par des « espions » du régime qui voudraient le faire imploser. « Tous ceux qui, dans les rangs de notre parti, font commerce avec le pouvoir en miroitant une quelconque capacité de sabordage du navire MRC ne sont en réalité que des aigrefins politiques », écrit-il.
Dans ce texte, Maurice Kamto affirme que sa formation est visée, depuis plusieurs années, par des opérations clandestines montées par ceux qui dirigent le Cameroun aujourd’hui. En 2012, un an après la création du MRC, lui et certains de ses proches auraient même été la cible de tentatives « d’élimination physique ».
« Nous avions adressé à l’époque une correspondance de protestation au président de la République avec des preuves, y compris les noms et grades des membres du commando chargé de la sale besogne et leur mode opératoire (…) Mais aucune procédure judiciaire n’a jamais été ouverte », dénonce Maurice Kamto.
Commando de mercenaires
Toujours selon lui, en octobre 2018, un commando de mercenaires se déclarant d’origine centrafricaine aurait approché des responsables du MRC « pour se mettre à [leur] disposition en vue de faire un coup d’État qui devait [les] porter au pouvoir ». Le président du MRC affirme avoir immédiatement informé la Direction générale des renseignements extérieurs (DGRE), la Sécurité militaire et la Délégation générale à la sûreté de l’État. « Cette dernière nous transmettra quelque temps après de prétendues félicitations du chef de l’État pour notre attitude patriotique et républicaine », poursuit le leader du MRC. Mais en réalité, « il s’agissait d’un piège ourdi par le pouvoir pour nous mêler à un prétendu coup d’État et se donner ainsi un moyen plausible de nous éliminer », avance-t-il.
Le parti d’opposition accuse par ailleurs le parti qui dirige le pays d’orchestrer une « campagne inqualifiable de tribalisme d’État » pour saper la popularité du MRC et de son fondateur à l’approche de la présidentielle. Une « faute politique parmi les plus graves, aux conséquences plus désastreuses que tous les échecs économiques et sociaux », accuse Maurice Kamto.