Samedi 6 Mai 2023, le chef du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) Maurice Kamto a animé son premier meeting dans la capitale depuis la présidentielle de 2018.
Le meeting de samedi 6 mai avait valeur de test. Pour son retour sur le terrain, dans une capitale considérée comme acquise au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, une question était sur toutes les lèvres : Maurice Kamto réussirait il à y rassembler ses partisans, comme il l’a fait ces derniers mois dans les villes de Bafoussam, Nkongsamba et Douala ? Mais ses soutiens ont bien répondu présent. Dès l’arrivée du chef du MRC aux abords du stade du camp SIC Mendong, une foule nombreuse s’est massée autour de son cortège, l’accompagnant jusqu’à l’estrade.
« Kamto président ! »
« Maurice Kamto est là ! » L’annonce du speaker fait aussitôt naître une clameur enthousiaste. Dans l’assemblée, des « Kamto président ! » fusent, tandis que Maurice Kamto gagne la scène. Il a été candidat à la dernière présidentielle, le présidant du MRC, les bras levés vers le ciel, salue son public. Sur son T-shirt noir, cette inscription : « Libérez les prisonniers politiques. »
Face à la foule, cet homme qui fut autrefois ministre délégué de la justice savoure le moment. C’est la première fois, depuis 2018, que l’administration camerounaise délivre au MRC le récépissé l’autorisant à organiser pareil rassemblement, et donc la première fois que le parti se réunit ainsi hors période électorale. Pour Maurice Kamto, cela ne fait pas de doute : il s’agit d’un « jour mémorable ».
« Je voudrais relever, pour m’en féliciter, l’attitude républicaine du sous-préfet de Yaoundé 6, qui a délivré le récépissé de déclaration de manifestation publique sans les tracasseries auxquelles nous étions habitué, a lancé l’opposant. Nous voudrions voir, dans cette attitude de l’autorité, le signe positif de la normalisation du traitement du MRC. »
Notre parti ne demande qu’à être traité comme les autres partis de ce pays, sans discrimination, sans diabolisation », a-t-il ajouté. Le MRC prend-il un nouveau départ ? Il n’est en tout cas « en conflit ni avec l’administration ni avec les forces de défense et de sécurité », insiste son président.
[Ce sont] des revendications légitimes dont le pouvoir reconnaît lui-même le bien-fondé à travers ses actes », a-t-il poursuivi, avant de dénoncer l’incarcération de 62 militants de son parti, arrêtés dans le cadre de manifestations organisées pour la plupart en 2020.
Pour Maurice Kamto, la priorité, ce sont les prochaines échéances électorales. « Tout peut arriver à tout moment. C’est pourquoi nous devons être prêts dès à présent, quels que soient les adversaires que notre parti aura à affronter. Les échéances qui s’annoncent, et qui pourraient intervenir cette année même, en 2024 ou aux dates officielles de 2025, marqueront un tournant décisif pour notre pays. Nous ne pouvons pas nous permettre de les rater. »
Toujours critique à l’égard du pouvoir
Des mots d’apaisement qui n’ont pas empêché Maurice Kamto de critiquer le pouvoir en place, affirmant notamment que le Cameroun se trouvait dans une situation « catastrophique ». À la tribune, le leader du MRC a tour à tour dénoncé l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, la situation dans les régions anglophones, le coût de la vie, la mauvaise gestion des ressources publiques, ainsi que la montée des discours de haine dans l’espace public.
Fin du boycott
Bien qu’il ait annoncé que le MRC prendrait part aux futures élections, l’ambition de Maurice Kamto se heurte à un obstacle, celui du code électoral. Selon ce texte, ne peuvent présenter des candidats à la présidentielle que les partis politiques disposant d’élus, ce qui n’est pas le cas du MRC, qui a boycotté les dernières élections locales.
Les cadres du parti se montrent néanmoins sereins. « Aucune manœuvre ne pourra empêcher le candidat de notre parti de concourir à la présidentielle, affirme l’un d’eux. Nous procédons actuellement au renouvellement de nos organes à la base, ensuite nous aurons notre convention nationale. Chaque chose en son temps. »