Pour répondre à une demande en plein boom en Europe, la production de coca a plus que doublé en Amérique du Sud. L’Afrique de l’Ouest, point de passage presque obligé de la poudre blanche, renforce encore son statut de plaque tournante. Décryptage en infographies.
Il faut beaucoup de poudre blanche pour alimenter l’addiction des 4 millions d’Européens qui, en 2022, ont consommé de la cocaïne. Pour répondre à cette demande sans cesse croissante, c’est toute une chaîne de valeur qui s’est adaptée. D’année en année, les cartels sud-américains, alliés aux mafias européennes et africaines, ont fait de l’ouest du continent une plaque tournante du trafic vers L’Europe. Quelles sont les techniques utilisées par les trafiquants ? Quels sont les pays principaux pays de transit ? Qui, des cartels sud-américains, des « cults » nigérians ou des groupes jihadistes, est impliqué dans ce vaste trafic ?
Depuis quelques années, le port d’Abidjan vit au rythme des saisies records de cocaïne. Après la « Spaghetti Connection » en 2019, c’est un autre vaste réseau transnational mettant en cause des Espagnols, Colombiens, Ivoiriens, Libanais et Portugais qui a été démantelé, en avril 2022. Après une accalmie, Bissau semble de nouveau être tombée dans le giron des narcotrafiquants. Début février, près d’une tonne de cocaïne y été dérobée dans les locaux de la police. Et, tandis que Dakar continue d’occuper une place centrale sur la feuille de route des cartels, de nouveaux acteurs semblent émerger, y compris au Bénin, où 3,9 tonnes de « blanche » ont été découvertes entre 2019 et 2022.
Sur le continent, une myriade d’acteurs internationaux et locaux profitent de ce trafic. Outre les sulfureuses mafias italiennes que sont la Camorra et la ‘Ndrangheta, de nombreux groupuscules opérant comme sous-traitants au niveau local se sont constitués le long des côtes ouest africaines.
Des groupes criminels nigérians ont étendu leur présence à une large partie du golfe de Guinée et supervisent désormais une partie du transit vers la Méditerranée en passant par le désert du Sahara. Certains « barons igbos » peuvent même se targuer de gérer « en toute autonomie des importations de cocaïne grâce à leur bonnes relations avec les narcotrafiquants de São Paulo » rapportent Célia Lebur et Joan Tilouine dans leur livre enquête Mafia Africa (Flammarion, mars 2023).