Le nombre de réfugiés et de déplacés ne cesse de croître depuis une décennie. Il dépasse désormais la barre des 100 millions de personnes déracinées dans le monde, selon l’ONU. Les demandes d’asile ont progressé depuis un an en Europe et en France, où les discours politiques anti-migrants se multiplient.
Le dramatique naufrage au large de la Grèce d’un chalutier transportant des centaines de migrants, dont une grande partie d’exilés syriens, a projeté sur le devant de l’actualité le sort fragile des réfugiés.
Le nombre total de ces personnes, contraintes de fuir à travers le monde à cause d’un conflit, de violences, de crainte de persécutions ou de violations des droits s’élève désormais à plus de 108,4 millions de personnes, d’après les derniers chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pour la fin de l’année 2022.
Jamais le nombre total de réfugiés fuyant leur pays ou de personnes déplacées à l’intérieur du leur pays n’avait atteint un tel niveau, a souligné cet organe de l’ONU dans son rapport annuel publié le 13 juin. Ce sont 19,1 millions de personnes de plus qu’à la fin 2021, soit une augmentation sans précédent de plus de 20 %.
Parmi ces plus de 108 millions de personnes, 35,3 millions étaient des réfugiés et 62,5 millions des déplacés. Il y avait aussi 5,4 millions de demandeurs d’asile et 5,2 millions d’autres personnes ayant besoin d’une protection internationale (déplacés qui n’ont pas encore eu la possibilité de déposer de demande d’asile).
D’après le HCR, cette tendance à la hausse du phénomène du déplacement forcé dans le monde ne montre aucun signe de ralentissement en 2023.En cause notamment, l’enlisement du conflit au Soudan et la guerre en Ukraine.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a provoqué la crise de déplacement forcé la plus rapide et l’une des plus importantes depuis la Seconde Guerre mondiale, commente Matthieu Tardis, co-directeur du centre de recherche spécialisé Synergies migrations. Dès les semaines suivant l’incursion décidée par le Kremlin, l’Europe et la France ont vécu « ce que d’autres régions du monde traversent déjà, à savoir un déplacement sans précédent des Ukrainiens – majoritairement des femmes et des enfants – fuyant les combats », souligne le chercheur.
« L’Union européenne est entrée dans le XXIe siècle des réfugiés »
Depuis, ce sont 8 millions d’Ukrainiens qui ont trouvé refuge dans les pays voisins et alliés de Kiev, ce qui fait dire à Matthieu Tardis, que « l’Union européenne est entrée dans le XXIe siècle des réfugiés ».
Des réfugiés ukrainiens pour qui les États européens ont déployé de grands moyens. Mais au vu de l’enlisement du conflit et de l’intensification des combats, se pose dorénavant la question de la pérennité de leur installation, avec des problématiques qui rejoignent celle des réfugiés extra européens déjà présents en Europe : trouver un logement, un travail, apprendre la langue du pays d’accueil. Autant de défis qui devraient rythmer l’année en cours.