Réunis en intersyndicale le mardi 2 Mai matin, au lendemain d’une journée de mobilisation réussie, les syndicats « toujours unis » appellent à une quatorzième journée d’action le 6 juin. Les parlementaires d’opposition, qui font leur rentrée politique, ce mardi, après la pause de vacances de printemps, fourbissent aussi leurs armes.
L’effervescence ne retombe pas. Réunis ce mardi matin en visioconférence, au lendemain d’une journée de mobilisation réussie, les syndicats « toujours unis » appellent à une nouvelle journée d’action le 6 juin pour « se faire entendre » des députés qui examineront deux jours plus tard, le 8 juin, une proposition de loi visant à abroger la réforme des retraites tout juste promulguée.
Mais la question de la stratégie à adopter se pose après quatre mois de mobilisation et 13 jours de grève. Les syndicats s’interrogent sur les suites à donner, chacun avec son prisme et son histoire des luttes syndicales : d’un côté, il y a ceux qui veulent renouer le dialogue avec le gouvernement. C’est le cas de la CFDT, de la CFE-CGC, ou encore de la CFTC. Globalement, c’est la position des syndicats dits réformistes. Et puis de l’autre, il y a la CGT et Force Ouvrière notamment, plus contestataires, qui estiment qu’il est encore trop tôt pour saisir la main tendue par l’exécutif.
Jusqu’ici les leaders syndicaux ont réussi à passer outre ces différentes approches pour maintenir l’unité. Après leur réunion ce matin, à en croire le communiqué de presse, la position de la CFDT semble avoir fait son chemin, rapporte Grégory Genevrier du service France. L’intersyndicale laisse entendre qu’elle pourrait s’assoir de nouveau à la table des négociations. Mais elle affirme que le dialogue ne pourra être rétabli que si le gouvernement prouve sa volonté de prendre en compte les propositions syndicales. Des conditions qui restent relativement floues. Un précédent rendez-vous entre la Première ministre et les syndicats le 5 avril dernier s’était soldé par un échec.
Comment réinventer la mobilisation alors que la réforme des retraites a été promulguée ? La CGT, FO et Solidaires sont déterminés à poursuivre la mobilisation dans la rue. « Il n’y aura pas de retour à la normale tant que cette réforme ne sera pas retirée », assurait hier la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. Si les autres syndicats ne plaident pas pour un retour à la normale, certains commencent à douter de l’efficacité de ces manifestations. Il faut dire que le risque de les voir s’essouffler existe, comme l’expliquait Laurent Berger : les travailleurs ne pourront pas se permettre une journée de grève toutes les semaines. Une position partagée notamment par François Hommeril, le leader de la CFE-CGC. Et puis l’autre sujet de tension, ce sont aussi les modalités d’actions plus isolées, notamment les coupures d’électricité menées par la CGT. Des opérations ne font pas l’unanimité.
Après deux semaines de vacances parlementaires, c’est la rentrée pour les députés, ce mardi. Notamment pour ceux de la Nupes, qui sont déterminés à continuer la lutte contre la réforme des D’ailleurs au lendemain d’un Premier mai mobilisateur dans les rangs de la gauche, on veut toujours y croire. Si l’exécutif s’est donné cent jours pour apaiser, la Nupes a aussi le 14 juillet en ligne de mire, mais pour un retrait de la réforme des retrait, assure Mathilde Panotes.
« Nous n’arrêterons pas, et nos vies ne sont pas en quelque sorte des pages que l’on pourrait tourner sur la question des retraites, , présidente du groupe la France insoumise à l’Assemblée. Il n’y aura pas de retour à la normale tant qu’il n’aura pas cédé sur ce texte. Et je ne suis même pas sûre qu’il y aura un retour à la normale après, avec une crise démocratique qui va continuer. »
Même son de cloche du côté des députés communistes, où l’on fonde beaucoup d’espoirs sur la date du 8 juin, nous explique Sébastien Jumel…
« Le gouvernement décide de déchirer la page de la République, nous ne sommes pas pour tourner la page de cette réforme, Il y a plusieurs étapes : il y a l’étape du Conseil constitutionnel mercredi qui doit rendre sa décision sur le deuxième RIP [référendum d’initiative partagée, NDLR] ; il y a la proposition formulée par le groupe LIOT [Libertés, indépendants, outre-mer et territoires, NDLR], mais concertée avec nous, le 8 juin pour abroger le décalage de l’âge de la retraite à 64 ans. Puisqu’il n’y a pas eu de vote à l’Assemblée, ce sera l’occasion d’avoir un vote.«
Première tribune dès cette après-midi avec les questions au gouvernement, puis demain, lors d’un débat autour de la répression du mouvement social contre la réforme des retraites.
Enfin, le mercredi 3 Mai, le Conseil constitutionnel doit rendre sa décision concernant le Référendum d’initiative partagée (RIP) porté par les parlementaires de gauche. Un avis qui pourrait relancer la flamme de la mobilisation.