Dans un contexte de vives tensions bilatérales et régionales, Paris a suspendu la délivrance des visas destinés aux ressortissants maliens. Bamako a répliqué dans la foulée, en vertu du principe de réciprocité.
La France a suspendu, en début de semaine, la délivrance de ses visas aux ressortissants maliens, après avoir placé tout le Mali, y compris Bamako, en zone rouge, « formellement déconseillée » aux voyageurs, indique une source diplomatique.
La capitale malienne se trouvait auparavant en zone orange, « déconseillée sauf raison impérative ». Le reste du pays était en zone rouge en raison de la progression des jihadistes, du risque d’enlèvement et de l’insécurité de manière générale.
Une « surprise » pour le Mali
Le ministère malien des Affaires étrangères a dit avoir appris « avec surprise » le classement de tout son pays en zone rouge, dans la soirée du 9 août 2023, sur les réseaux sociaux.
« Dans le contexte actuel de fortes tensions régionales, tout déplacement au Mali est formellement déconseillé. Les ressortissants français au Mali sont appelés à la plus grande vigilance : il est essentiel de se tenir à l’écart de tout rassemblement et de rester régulièrement informés de la situation »,
« En outre, le risque d’enlèvements de ressortissants occidentaux est particulièrement important dans le centre et le nord du pays, mais à présent également à Bamako et dans ses alentours », est-il par ailleurs précisé le Quai d’Orsay dans sa note d’information aux citoyens français
Le Quai d’Orsay indique, dans une mise à jour de ses « conseils par pays » datée du 7 août 2023, que, dans le contexte actuel de fortes tensions, tout déplacement au Mali est formellement déconseillé, et appelle les ressortissants français vivant dans ce pays à faire preuve de la plus grande vigilance.
« Cette modification entraîne une réorganisation des services de l’ambassade de France à Bamako, qui ne pourra dès lors plus délivrer de visas jusqu’à nouvel ordre », précise sur son site internet Capago, le prestataire qui traite les demandes de visas avant l’instruction des dossiers par les services consulaires français.
Perte de contrôle
Les relations entre la France, engagée au côté de l’armée malienne contre les jihadistes depuis 2013, et le Mali se sont fortement détériorées depuis le putsch d’août 2020. La junte a poussé les forces françaises vers la sortie en 2022, et s’est tournée politiquement et militairement vers la Russie. Elle a expulsé l’ambassadeur de France.
Depuis, la France a vu d’autres de ses alliés au Sahel connaître un changement de pouvoir à la suite d’un putsch, comme le Burkina Faso, en 2022, ou le Niger, le 26 juillet 2023. L’intégralité de ces trois pays voisins, tous confrontés à l’expansion jihadiste et formant une immense aire géographique, est désormais en zone rouge pour la diplomatie française.
De facto, le Mali, qui indique que « les services de l’ambassade de France à Bamako ont suspendu la délivrance des visas et fermé le centre de visas et le centre d’appels Capago », a répondu « en application de la réciprocité » et fait savoir que « le ministère suspend, jusqu’à nouvel ordre, la délivrance de visas aux ressortissants français par les services diplomatiques et consulaires du Mali en France ».
À noter que la situation au Niger, où les putschistes du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) sont largement soutenus par le Mali et le Burkina Faso, est à l’origine d’un regain des tensions diplomatiques déjà très fortes avec Paris.
La France a également suspendu la délivrance de visas par ses services consulaires au Burkina Faso, indique Capago sur son site.