Depuis le 18 novembre, l’Allemagne a mis en place de nouvelles règles pour attirer davantage de travailleurs qualifiés originaires de pays non membres de l’Union européenne.
Pour les entreprises allemandes, trouver de la main d’œuvre est devenu dans bien des cas une mission quasi impossible. Il manque sur le marché des centaines de milliers de travailleurs qualifiés.
Les secteurs de l’informatique et des technologies, des soins médicaux, ou encore de la logistique sont parmi les plus durement touchés par les pénuries.
Une nouvelle loi adoptée cet été par le Bundestag, le parlement allemand, vise à réduire les barrières à l’immigration de travailleurs qualifiés en provenance de pays n’appartenant pas à l’Union européenne (UE).
Les premiers changements ont pris effet le lundi 18 novembre. Ces nouvelles règles vont progressivement entrer en vigueur en trois étapes. Les détails, disponibles en allemand, anglais, français et espagnol, sont disponibles sur le site web du gouvernement en suivant ce lien. Ce site comprend notamment la liste des métiers pour lesquels l’Allemagne veut faciliter l’immigration.
La carte bleue européenne
Dès maintenant, un plus grand nombre d’universitaires et de travailleurs qualifiés de pays tiers pourront venir en Allemagne grâce à la carte bleue européenne, sans avoir à prouver leur niveau en langue allemande.
Le salaire annuel minimum, mis en place pour empêcher le dumping salarial, sera abaissé à un peu moins de 40 000 euros pour les métiers en pénurie de main d’œuvre et les emplois ne demandant pas d’expérience.
Le salaire annuel minimum pour toutes les autres professions est fixé à 44 000 euros.
Ces professions comprennent désormais les secteurs de l’éducation et de l’infirmerie.
Dans le secteur des technologies de l’information, les travailleurs qualifiés sans diplôme universitaire peuvent également obtenir une carte bleue européenne s’ils peuvent prouver qu’ils ont au moins trois ans d’expérience professionnelle.
Les aides-soignants ayant suivi une formation de moins de trois ans en soins infirmiers se verront également accorder l’accès au marché du travail allemand.
La carte bleue est la version européenne de la carte verte aux États-Unis. En Allemagne, elle existe depuis une dizaine d’années.
Grâce à l’abaissement du seuil de revenu minimum, il sera désormais plus facile de l’obtenir.
Une fois en Allemagne, les travailleurs disposeront également d’une plus grande flexibilité pour changer de carrière, même si les professions réglementées, telles que le droit et la médecine, nécessiteront toujours des diplômes bien spécifiques.
Droit de séjour et plus de flexibilité
Les travailleurs qualifiés possédant des qualifications professionnelles ou académiques et remplissant toutes les conditions requises ont désormais droit à un permis de séjour.
L’Agence fédérale pour l’emploi a été chargée d’accélérer le traitement des dossiers. Les travailleurs qualifiés expérimentés n’auront plus besoin de faire reconnaître en Allemagne leurs qualifications obtenues à l’étranger s’ils ont au moins deux ans d’expérience professionnelle.
D’autres changements doivent entrer en vigueur le 1er mars 2024.
Qualifications et formations
Toute personne qui dispose d’une qualification à l’étranger mais qui doit suivre une formation allemande pour obtenir une équivalence peut séjourner en Allemagne pour une durée maximale de trois ans et travailler jusqu’à 20 heures par semaine.
Le travail à temps partiel est également étendu aux étudiants et aux stagiaires.
Si un employeurs allemand donne son accord, un travailleur qualifié peut venir directement en Allemagne et occuper un emploi pendant la procédure de reconnaissance de ses qualifications.
Le séjour peut être prolongé jusqu’à trois ans. Les conditions requises sont une qualification professionnelle d’au moins deux ans et un niveau A2 en allemand.
Regroupement familial
Concernant les conjoints et les enfants mineurs, les travailleurs qualifiés devront prouver qu’ils peuvent subvenir à leurs besoins, sans toutefois devoir prouver qu’ils disposent d’un logement adapté.
Ils pourront également faire venir leurs parents ou beaux-parents, si leurs propres permis de séjour sont valables à partir de mars 2024.
D’autres changements doivent entrer en vigueur le 1er juin 2024.
Carte des opportunités
Une « carte des opportunités » basée sur un système de points devrait être lancée en juin prochain pour les personnes qui peuvent prouver que leur diplôme étranger est équivalent à un diplôme allemand.
Ces personnes peuvent alors vivre en Allemagne pendant un an dans le but de chercher du travail, à condition qu’elles sont en mesure de prouver leur indépendance financière.
Si cette équivalence n’existe pas, il faut disposer d’un diplôme universitaire ou d’une qualification professionnelle d’au moins deux ans, ainsi qu’un niveau A1 en allemand ou B2 en anglais.
Les travailleurs titulaires d’une carte des opportunités peuvent occuper un emploi jusqu’à 20 heures par semaine. La carte peut être prolongée jusqu’à deux ans pour ceux qui disposent d’un contrat d’emploi qualifié.
Dispositif spécial pour les Balkans
Un autre règlement concerne les personnes originaires des pays des Balkans. Le quota de travailleurs originaires d’Albanie, de Bosnie-Herzégovine, du Kosovo, du Monténégro, de Macédoine du Nord et de Serbie pouvant venir en Allemagne est doublé. Il passe ainsi à 50 000 personnes par an. Ces pays sont par ailleurs depuis longtemps sur la liste d’attente pour rejoindre l’UE.