Au Mexique, six mille migrants sud-américains marchent vers les Etats-Unis au moment où les autorités américaines enregistrent une flambée d’entrées illégales sur leur territoire.
Annoncé brusquement quelques jours plus tôt, ce rare déplacement de M. Blinken à l’étranger pendant les Fêtes est intervenu au moment où les élus républicains au Congrès exigent un accord sur l’immigration avec le gouvernement du président Joe Biden en échange de leur soutien à une nouvelle enveloppe d’aide pour l’Ukraine.
Les États-Unis ont d’ailleurs annoncé mercredi le déblocage de 250 millions de dollars d’aide militaire pour Kiev, leur dernière tranche disponible sans un nouveau vote au Congrès américain.
Accompagné du secrétaire à la Sécurité nationale, Alejandro Mayorkas, et de la conseillère pour la Sécurité nationale à la Maison-Blanche, Liz Sherwood Randall, M. Blinken s’est entretenu pendant deux heures avec le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador.
Nous sommes parvenus à d’importants accords au bénéfice de nos peuples et de nos nations. Aujourd’hui plus que jamais, la politique de bon voisinage est nécessaire
, a ensuite écrit M. Lopez Obrador sur X, sans plus de détails. Il a seulement indiqué que les discussions avaient eu trait à des questions de coopération économique, de sécurité et de migrations
.
Selon un responsable du gouvernement américain, les dirigeants mexicains ont décrit à la délégation américaine les nouvelles mesures prises par leur pays, notamment la répression des passeurs qui envoient les migrants vers la frontière des États-Unis en train ou en autobus.
Nous avons été vraiment impressionnés par certaines des nouvelles actions qu’entreprend le Mexique, et nous avons vu ces derniers jours une réduction assez significative des passages de la frontière
, a déclaré ce responsable dans l’avion de M. Blinken pendant le voyage de retour vers Washington.
Les Mexicains étaient préparés à partager un plan avec nous
, a ajouté ce responsable sous le couvert de l’anonymat.
Toutefois, les États-Unis ne tirent jamais de conclusions basées sur des fluctuations au jour le jour
du nombre de migrants, a poursuivi le responsable américain, précisant que les contacts se poursuivront étroitement en 2024. Le président Biden y jouera sa réélection en novembre et des élections fédérales sont également prévues au Mexique en juin.
Des milliers de passages par jour
Ces dernières semaines, quelque 10 000 personnes par jour ont tenté de traverser illégalement la frontière sud des États-Unis, soit près du double des chiffres enregistrés avant la pandémie, débordant les autorités américaines. Et une caravane de milliers de migrants a quitté le sud du Mexique dimanche pour tenter de rejoindre les États-Unis.
« Personne ne va arrêter la migration. Personne ne peut arrêter avec tout l’or du monde le fait que des gens cherchent de meilleures conditions de vie.
M. Lopez Obrador, qui s’est entretenu au téléphone avec Joe Biden le 21 décembre, s’est engagé à renforcer les mesures de contention des migrants dans le sud du pays, à la frontière avec le Guatemala.
Nous allons continuer à le faire et nous voulons nous mettre d’accord parce qu’étant donné qu’il y a aussi des élections aux États-Unis, le sujet va animer les esprits
, a-t-il déclaré avant sa rencontre avec M. Blinken.
L’ancien président républicain Donald Trump, qui se prépare à affronter Joe Biden dans les urnes, a récemment redoublé ses attaques contre les migrants, les accusant d’empoisonner le sang
des États-Unis. Ces propos font écho à la rhétorique nazie, selon ses détracteurs.
Dans ce contexte politique tendu, les démocrates tentent de trouver un accord sur l’immigration avec les républicains au Congrès afin de faire approuver en parallèle des dépenses de 61 milliards de dollars pour aider Kiev dans sa guerre avec Moscou.
La Maison-Blanche a prévenu qu’elle serait à court de ressources
pour l’Ukraine d’ici la fin de l’année
.
Dans les négociations, l’administration Biden a notamment proposé de financer 1300 postes de plus au sein de la police aux frontières.
Mais l’un des défis, c’est que tout le monde veut une solution tout de suite à un problème mondial qui existe depuis longtemps
. Or, il n’y a pas de baguette magique
, estime Andrew Rudman, chercheur spécialiste du Mexique au cercle de réflexion Wilson Center de Washington.
La plus grande partie des migrants fuient des pays d’Amérique centrale ravagés par la pauvreté, la violence et les catastrophes naturelles, ou la crise politique, économique et sociale au Venezuela.