Alors que le gouvernement l’avait estimée en léger rebond, la croissance nippone a finalement stagné au quatrième trimestre 2022. Une fragilité qui devrait conforter la Banque du Japon à rester ultra-accommodante dans les prochains mois. Une politique à l’opposé de celle des banques centrales européenne et américaine qui ont opté depuis plusieurs mois pour des relèvements drastiques des taux. Pour 2023, l’économie japonaise va devoir faire face à une forte inflation, au plus haut depuis 1981.
Pas de mini-rebond pour la troisième économie mondiale au quatrième trimestre 2022. Selon des données révisées à la baisse, le produit intérieur brut (PIB) du Japon a finalement fait du surplace par rapport au trimestre précédent. Pour rappel, une modeste hausse de 0,2% avait été annoncée lors d’une première estimation du gouvernement nippon mi-février.
La croissance de la consommation des ménages a également été un peu moins importante que lors de la première estimation (+0,3% contre +0,5% initialement).
Sur l’ensemble de l’année dernière, le PIB national a augmenté de 1%, contre un chiffre de 1,1%, annoncé mi-février, en données réelles et ajustées des variations saisonnières. Le Japon a ainsi connu en 2022 une deuxième année de croissance consécutive après un plongeon de 4,3% causé en 2020 par la pandémie. Mais sa reprise économique s’effectue à un rythme modéré et s’est déjà nettement essoufflée par rapport à 2021, où le PIB nippon avait rebondi de 2,1%.
La stratégie de la Banque du Japon à l’opposé des autres
La faiblesse persistante de la croissance nippone va dans le sens de l’opinion de la Banque du Japon (BoJ). Ce, alors qu’ailleurs, notamment en Europe et aux États-Unis, les banques centrales ont opté depuis plusieurs mois pour des relèvements drastiques des taux.
Une décision monétaire de la BoJ est d’ailleurs prévue ce vendredi, à l’issue de la dernière réunion présidée par son gouverneur Haruhiko Kuroda, sur le départ après 10 ans passés à la tête de l’institution. Sous son mandat, la BoJ a mené un assouplissement qualitatif et quantitatif record, achetant notamment à tour de bras des obligations publiques japonaises (JGB). Il a aussi maintenu envers et contre tout un taux négatif de court terme de 0,1% sur les dépôts des banques dans ses coffres, dans le but de stimuler la croissance et vaincre la déflation qui minait l’économie japonaise depuis les années 1990.
La plupart des observateurs s’attendent du coup à un statu quo monétaire. Mais une surprise de dernière minute ne peut être tout à fait exclue, Haruhiko Kuroda étant connu pour son côté imprévisible.
Son successeur désigné par le gouvernement, l’économiste Kazuo Ueda, a estimé fin février que la politique actuelle de la BoJ était « appropriée », signalant son intention de la poursuivre, du moins à court terme. Sa nomination devrait d’ailleurs être formellement validée par le Parlement ce vendredi également. Des économistes estiment cependant que son équipe transformera à terme la politique actuelle.
L’inflation au plus haut
Pour cette année 2023, les risques qui pèsent sur la croissance japonaise sont multiples. Le yen est actuellement faible, ce qui renchérit les importations nippones, et le ralentissement économique mondial devrait peser sur les exportations.
Le pays fait également face à une inflation élevée, qui fragilise le pouvoir d’achat des ménages. Elle a atteint +4,2% sur un an en janvier (hors produits frais), soit le plus haut niveau depuis septembre 1981, tirée par la hausse des prix de l’énergie. Cette augmentation des prix est néanmoins légèrement inférieure à celle qu’attendaient les économistes (+4,3%), après +4% en décembre.
Les économistes s’attendent cependant à un net ralentissement de l’inflation désormais, lorsque les effets de mesures anti-inflation du gouvernement japonais, incluant des subventions aux factures d’électricité et de gaz, commenceront à se matérialiser.
Reste que l’inflation dépasse depuis avril 2022 l’objectif de la BoJ, fixé à 2% (là encore hors produits frais). L’institution reste toutefois persuadée qu’elle va décélérer en 2023. Mi-janvier, elle a mis à jour ses prévisions d’inflation. Elle l’a légèrement augmenté à 3% pour l’exercice en cours 2022-2023 qui s’achèvera le 31 mars, contre 2,9% précédemment. En revanche, elle a laissé inchangée sa perspective pour 2023-2024, à 1,6%.
(Avec AFP)