Fin février, le chef de l’Etat avait affirmé que la présence de « hordes » d’immigrés clandestins était source de « violence et de crimes », un discours jugé « haineux » par des ONG.
Le président tunisien, Kaïs Saïed, s’est défendu mercredi 8 mars de tout racisme à l’égard des Subsahariens après le tollé suscité par son discours incendiaire contre les migrants clandestins.
Le 21 février, il avait affirmé que la présence de « hordes » d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne était source de « violence et de crimes » et relevait d’une « entreprise criminelle » visant à « changer la composition démographique » du pays. Après ce discours, condamné par des ONG comme « raciste et haineux », des ressortissants d’Afrique subsaharienne ont fait état d’une recrudescence d’agressions à leur encontre et se sont précipités par dizaines à leurs ambassades pour être rapatriés.
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Dans un apparent souci d’apaisement, M. Saïed a affirmé, lors d’une entrevue avec le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, qui faisait escale à Tunis, que les Africains présents en Tunisie étaient des « frères », selon une vidéo diffusée par la présidence tunisienne. Affirmant que l’objectif de son discours était de faire respecter la « légalité tunisienne concernant les étrangers » et d’empêcher toute « juridiction parallèle aux juridictions de l’Etat », il a rejeté les « propos malveillants » de ceux qui « ont voulu interpréter le discours à leur guise pour nuire à la Tunisie ».
Des déclarations « choquantes »
« Cette situation concernant les Africains ne peut être interprétée par les langues malveillantes, comme ils l’ont fait ces derniers jours, comme du racisme. De quoi ils parlent ? Ils divaguent », a-t-il ajouté. « Je suis Africain et je suis fier de l’être », a-t-il encore dit.
M. Embalo, président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), a parlé d’une « mal-interprétation » du discours de M. Saïed sur les migrants subsahariens, affirmant qu’il ne pouvait pas croire que « le président de la Tunisie, le pays de Bourguiba, peut être xénophobe ou raciste ». L’Union africaine avait condamné des déclarations « choquantes », appelant les pays membres à « s’abstenir de tout discours haineux à caractère raciste ».
Selon des chiffres officiels, la Tunisie compte plus de 21 000 ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, en majorité en situation irrégulière, soit moins de 0,2 % d’une population totale d’environ 12 millions d’habitants.