L’inflation a fortement baissé en février en Chine à seulement, augmentant seulement 1% le mois dernier, soit son niveau le plus bas depuis un an. L’augmentation des prix alimentaires est d’à peine +2,6% sur un an alors qu’ils tirent largement le niveau d’inflation en Europe. Les économistes s’attendent toutefois à un rebond dans les mois à venir.
C’est un chiffre qui a de quoi faire des envieux : l’indice des prix à la consommation, principale jauge de l’inflation, est en hausse de +1% sur un an au mois de février, selon des chiffres publiés par le Bureau national des statistiques (BNS), ce jeudi 9 mars. C’est encore mieux qu’en janvier (+2,1%). Cette baisse était bien attendue par les analystes interrogés par l’agence Bloomberg. Elle se révèle néanmoins plus forte qu’anticipée puisqu’ils l’estimaient à +1,9%.
Cette chute est due à l’habituelle « baisse de la demande des consommateurs après les congés (du Nouvel an lunaire en janvier) ainsi qu’à une offre suffisante sur le marché », indique Dong Lijuan, statisticienne du BNS.
Elle s’explique également par une base de comparaison plus élevée par rapport à l’an passé, car le Nouvel an lunaire était tombé en février. Ce qui empêche in fine d’établir un parallèle réellement pertinent entre 2022 et 2023.
La Chine épargnée par la guerre en Ukraine
Les prix des produits alimentaires ont augmenté de 2,6% en février sur un an. Malgré la flambée des cours mondiaux des matières premières et de l’alimentaire, la Chine est relativement épargnée par l’augmentation de ces produits et par les conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine. Une situation très différente de la zone euro, où la hausse des prix de l’alimentation a atteint +15% sur un an en février, devenant le premier moteur de l’inflation, devant même l’augmentation des prix de l’énergie (+13,7%).
L’économie chinoise a toutefois été lestée en 2022 par les confinements et restrictions aux déplacements de la stricte politique sanitaire « zéro Covid », qui a finalement été levée début décembre. L’activité et la consommation reprennent depuis progressivement.
« Nous pensons que l’inflation (…) rebondira dans les mois à venir grâce aux effets de la réouverture. Mais il est peu probable qu’elle atteigne les niveaux observés dans d’autres économies lorsqu’elles se sont rouvertes », estime dans une note le cabinet Capital Economics.
Un niveau d’inflation qui surprend
Ce chiffre de l’inflation « me laisse perplexe car c’est en contradiction avec d’autres données qui suggèrent que la reprise de la demande intérieure est assez forte », a réagi l’économiste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management.
L’activité dans les usines a connu sa plus forte expansion mensuelle en février, depuis une décennie. De son côté, l’indice des prix à la production (PPI) a encore décéléré en février (-1,4%), a indiqué le BNS, et ce pour le cinquième mois consécutif. Il mesure le coût des marchandises sorties d’usines et donne un aperçu de la santé de l’économie. C’est donc le signe d’une faible demande et de marges réduites pour les entreprises.
En glissement mensuel, les prix se sont toutefois stabilisés en février. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, causées par une forte vague de Covid en décembre-janvier, se sont atténuées. Cette baisse a toutefois été compensée par la hausse des prix des métaux et de l’énergie.
Un objectif de croissance à 5% en 2023
Il est vrai que le niveau d’inflation de l’économie chinoise est bien loin de ceux observés ailleurs. Elle s’est par exemple établie à +8,5% en février dans la zone euro. Aux États-Unis, les données de février n’ont pas encore été dévoilées, mais la hausse des prix avait atteint +5,4% en janvier.
La Chine désire contenir l’inflation à +3% sur l’ensemble de 2023, ce qui sera légèrement plus que l’année dernière (+2% en 2022). Face aux inquiétudes sur le pouvoir d’achat, le Premier ministre chinois a appelé à « l’accroissement des revenus des habitants, au même rythme que la croissance économique ». Li Keqiang ambitionne à ce sujet une croissance « d’environ 5% » cette année, contre 3% l’année dernière, l’un de ses objectifs les plus modestes depuis des décennies.