Alors que les arrivées de migrants, majoritairement subsahariens, continuent d’augmenter en Italie, notre reporter Monica Pinna a rencontré ceux qui en Tunisie, premier pays où les candidats au départ vers l’Europe prennent la mer, sont prêts à tout risquer pour une vie meilleure.
Tandis que l’Italie fait face à un afflux de migrants avec près de 49 000 arrivées enregistrées de janvier à mai 2023, quelle est la situation en Tunisie, traditionnellement, pays de transit pour les migrants ?
Sur place, de récents conflits et l’insécurité croissante en Libye ont fait exploser le nombre d’arrivées de ressortissants d’Afrique subsaharienne. Depuis la fin de l’an dernier, la Tunisie a même remplacé la Libye comme principal pays de départ des migrants en partance pour l’Europe.
Vague de xénophobie à l’encontre des migrants subsahariens
Le gouvernement a réagi à cette hausse des arrivées, en prenant des mesures de répression à l’encontre des migrants illégaux. En février, le président Kaïs Saïed a prononcé un discours dans lequel il a déclaré que les ressortissants subsahariens menaçaient l’identité du pays.
Ses propos ont déclenché une vague de xénophobie à l’encontre des étrangers qui a rendu presque impossible, la vie de la plupart des migrants, y compris ceux qui résident légalement sur place.
« On est en train de mourir ici »
Dans les rues de Tunis, un migrant sud soudanais qui vit dans le pays depuis 2016 et dispose du statut de réfugié, témoigne : « J’ai perdu mon travail et ma maison. Les Tunisiens ont commencé à nous chasser, » explique t-il.
Un autre migrant sud soudanais renchérit : « On est en train de mourir ici, on a besoin d’un endroit sûr. Peu importe que cet endroit soit en Afrique ou ailleurs, on veut partir, » assure-t-il.
Ces réfugiés font partie d’un groupe d’environ 150 personnes qui campent depuis des mois, devant l’Agence des Nations Unies pour les migrations (OIM) dans la capitale tunisienne. Ils demandent à être évacués d’urgence vers un pays tiers.
« De nombreux migrants ont accéléré leur départ »
On estime qu’il y a environ 21 000 Subsahariens parmi les migrants, demandeurs d’asile et réfugiés en Tunisie. Certains ont déjà quitté le pays dans le cadre de rapatriements volontaires.
Mais selon les experts, ce qui se passe en Tunisie a également une incidence sur l’augmentation des traversées illégales, d’où les tragédies qui continuent de se produire en Méditerranée et qui choquent l’Europe.
« Suite au discours du président, de nombreux migrants ont accéléré leur départ : ils ont fui rapidement sans réfléchir aux conséquences, » indique Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux.