Alors que la date limite du dépôt des candidatures est fixée en juin, ces pays n’ont toujours pas présenté leur dossier. Vont-ils s’effacer devant le trio Maroc-Espagne-Portugal ?
Au train où vont les choses, le duel pour l’organisation de la Coupe du Monde de football en 2030 risque de se résumer à un choc entre d’un côté, le trio composé du Maroc, de l’Espagne et du Portugal et de l’autre, quatre pays sud-américains (Argentine, Chili, Paraguay et Uruguay). À quelques semaines du dépôt officiel des dossiers à Zürich (Suisse), au siège de la Fifa, seules ces candidatures ont été officiellement validées.
Les Sud-Américains rêvent d’organiser la « Coupe du Monde du centenaire » puisque la première édition de 1930 s’était déroulée en Uruguay. Quant à la candidature Maroc-Espagne-Portugal, annoncée au mois de mars dernier à Kigali, au Rwanda, en marge du congrès de la Fifa, elle est la première à associer deux continents, l’Europe et l’Afrique.
Partenariat inédit
Fin 2022, il semblait presque acquis que l’Arabie Saoudite, l’Égypte et la Grèce allaient incarner un partenariat inédit entre trois confédérations différentes (Asie, Afrique et Europe). L’information avait été révélée dès le mois de septembre par le quotidien britannique The Times et, en février dernier, le média américain Politico assurait que les négociations se poursuivaient entre les trois pays, Riyad ayant même proposé à Athènes de financer la construction de plusieurs stades. Le ministre grec des Sports, Lefteris Avgenakis, s’était empressé de nuancer cette information, confirmant juste que « des contacts étaient en cours ».
L’Égypte dit non
Le 9 avril, les déclarations d’Ashraf Sobhi, le ministre égyptien des Sports égyptien, ont douché les espoirs de Mohamed Ben Salman, le Premier ministre saoudien, que l’on dit très investi sur ce projet. Sobhi a assuré que son pays ne viendrait pas concurrencer la candidature Maroc-Espagne-Portugal, soutenue à la fois par la Confédération africaine de football (CAF) et l’UEFA. L’Égypte envisage de se positionner sur d’autres évènements internationaux, comme les Jeux olympiques de 2030, mais pas sur le Mondial 2030.
« Ce dossier a du plomb dans l’aile et ce n’est pas étonnant. Même si une candidature Arabie Saoudite-Égypte-Grèce aurait très largement été portée par les Saoudiens. Les économies égyptienne et grecque ne sont pas florissantes. On ne peut pas exclure que l’Arabie saoudite et la Grèce déposent un dossier, mais cela me semble de plus en plus compromis. L’Égypte et la Grèce sont des destinations touristiques et disposent de nombreuses capacités d’hébergement. Les deux pays ont également quelques stades aux normes Fifa, mais leurs atouts restent limités. L’Égypte et la Grèce traversent une crise économique sérieuse et leurs populations ont sans doute d’autres préoccupations que le football. En outre, deux de ces trois pays, l’Arabie saoudite et l’Égypte, sont aux mains de pouvoirs très répressifs. Pour l’image, ce n’est pas terrible. La Fifa a déjà été critiquée pour avoir confié la Coupe du Monde 202 au Qatar, à propos du respect des droits de l’Homme. » , explique Jean-Baptiste Guégan, enseignant et auteur de plusieurs livres sur la diplomatie sportive.
Un ballon d’essai pour l’Arabie Saoudite ?
Sans compter qu’un Mondial en Arabie Saoudite ne pourrait se dérouler, comme ce fut le cas au Qatar, qu’en novembre et décembre, en raison des conditions climatiques dans le Golfe persique en juin et juillet. Un nouvel aménagement du calendrier international serait nécessaire, au grand dam des Européens, très attachés à une Coupe du Monde disputée en été.
Sans l’Égypte et la Grèce, l’Arabie Saoudite pourrait-elle être tentée par une candidature en solo ? Rien n’est moins sûr. « La Coupe du monde dans le Golfe persique une seconde fois en huit ans, cela me semble irréalisable, estime un proche de la Fifa. Je pense que les Saoudiens seront candidats plus tard, seuls ou associés à d’autres pays. Peut-être en 2034 ou en 2038, car ils veulent organiser des évènements internationaux : ils vont accueillir la Coupe d’Asie des nations de football en 2027, les Jeux asiatiques d’hiver en 2029, et ne vont pas s’arrêter là. »