Inquiète de la multiplication des coups de force en Afrique de l’Ouest, l’Union africaine essaie de se faire entendre sur les suites à donner au putsch qui s’est déroulé au Niger. Présidé par le Burundi, le Conseil de paix et de sécurité qui s’est réuni en urgence le 14 août se montre défavorable à une intervention militaire de la Cedeao.
Actuellement sous la présidence du Burundi, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) essaie de rester impliqué dans la gestion des suites du coup d’Etat au Niger du 26 juillet, qui a vu le président Mohamed Bazoum écarté du pouvoir.
Le président burundais Evariste Ndayishimiye s’est rendu en personne au sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) sur la situation au Niger, qui s’est tenu à Abuja le 10 août, au cours duquel l’option militaire a de nouveau été réaffirmée, la force en attente de l’organisation régionale ayant été mise en alerte. S’exprimant en premier, il a, en tant qu’ancien militaire, été extrêmement prudent concernant la possibilité d’une intervention.
Evariste Ndayishimiye et son épouse, Angeline Ndayishimiye Ndayubaha, sont très proches du couple Bazoum. Ndayishimiye craint pour la vie de ce dernier en cas de déclenchement d’une opération militaire imminente, ce que le sommet pourrait laisser présager tout en laissant une voie ouverte à la diplomatie. Le 14 août, après plusieurs reports, le CPS s’est à nouveau réuni en urgence pour discuter du Niger, rassemblant les quinze ambassadeurs qui en sont membres. Cependant, selon nos sources, le conseil s’est montré particulièrement divisé, ne souhaitant pas avaliser une intervention militaire à ce stade.
Crainte d’une contagion
Avant le sommet du 10 août, le président burundais avait planché sur l’organisation d’une rencontre à Addis-Abeba, qui aurait réuni les chefs d’Etat des pays membres de l’UA avant la fin du mois. Au-delà du seul cas nigérien, le but était d’analyser les causes des coups d’Etat qui se sont succédé en Afrique de l’Ouest depuis 2020. Au siège de l’organisation panafricaine, la crainte d’une contagion de changements anticonstitutionnels fait paniquer la commission tout comme les pays membres.
Evariste Ndayishimiye, dont le pays occupe la troisième vice-présidence de l’UA représentant l’Afrique centrale, travaille aussi, en ce mois d’août, à asseoir son influence au niveau continental. Avec pour objectif la présidence de l’UA en 2026.
Principe de subsidiarité remis en cause
Mais l’UA reste un acteur diplomatique relativement secondaire dans cette crise : le leadership pour cette région est assuré par la Cedeao. La division constatée au sein du CPS lors de la réunion du 14 août concernant le soutien aux décisions de la Cedeao est une première. D’habitude, il se plie à la règle de subsidiarité donnant la priorité de gestion des crises aux organisations sous-régionales.
Dans ce dossier, le Nigeria, qui assure la présidence de la Cedeao et qui est aussi membre permanent du CPS, occupe une position de premier plan. Cependant, jusqu’à présent, le Nigérian Bankole Adeoye, commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’UA, a plutôt fait profil bas, communiquant peu, travaillant dans l’ombre avec l’un de ses conseillers, l’ancien ambassadeur ghanéen en Ethiopie, Willam Awinador Kanyrige. C’est ce dernier qui gère le dossier « coups d’Etat en Afrique de l’Ouest ». Bankole Adeoye s’est tout de même déplacé pour le sommet du 10 août à Abuja.