Les dirigeants du G20 se réunissent à New Delhi pour un sommet de deux jours. Au programme, notamment, croissance durable, changement climatique et conflit en Ukraine. Parmi les premiers arrivés, Rishi Sunak, premier chef du gouvernement britannique d’origine indienne.
Il était certainement la personne la plus attendue du sommet du G20, qui se tient ce week-end à New Delhi. Rishi Sunak, premier chef de gouvernement britannique d’origine indienne, est arrivé dans la capitale avec son épouse Akshata Narayana Murthy, fille d’un milliardaire indien.
La présence du couple éclipse même celle d’autres dirigeants déjà arrivés en Inde, comme la Première ministre italienne Giorgia Meloni.
Sur la table du sommet du G20, des questions économiques et des menaces de famine liées à la guerre en Ukraine et à l’interruption de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes. C’est ce qu’a expliqué Charles Michel, président du conseil européen :
« Plus de 250 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë dans le monde, et en s’attaquant délibérément au soutien de l’Ukraine, le Kremlin les prive de la nourriture dont elles ont désespérément besoin…. Cela doit cesser. »
Sous le thème « Une Terre, une famille, un futur », les dirigeants du G20 vont donc débattre des sujets suivants : le développement et la croissance durables, le financement de la lutte contre le changement climatique, le commerce et les investissements, la transition numérique, et la préservation de la paix internationale.
Alors que les arrivées au compte-gouttes des dirigeants mondiaux se poursuivent, la diplomatie indienne s’active en coulisses à la recherche d’un consensus. La Russie et la Chine ont déjà rejeté certains de ces projets de communiqué commun.
Joe Biden, lui aussi à New Delhi, en l’absence des dirigeants chinois et russe
Joe Biden est lui aussi arrivé dans la soirée en Inde pour participer au sommet du G20.
Le président américain va tenter de profiter de l’absence à New Delhi de Valdimir Poutine et de Xi Jinping. Ce G20 a été qualifié de « famille mondiale dysfonctionnelle » par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
« Si nous sommes effectivement une famille mondiale, nous ressemblons aujourd’hui à une famille plutôt dysfonctionnelle. Les divisions se creusent, les tensions augmentent et la confiance s’effrite. Tout cela fait planer le spectre de la fragmentation et, en fin de compte, de la confrontation ».
De son côté, l’hôte du sommet, le Premier ministre indien Narendra Modi, tentera de centrer le débat sur les pays en développement et sur l’inclusion de l’Union africaine en tant que membre permanent du G20.
Le Premier ministre indien espère aussi faire valoir l’influence diplomatique croissante de l’Inde et faciliter le dialogue sur l’Ukraine ou le réchauffement climatique.
Mais de profonds désaccords sur la guerre de la Russie en Ukraine, l’abandon progressif des combustibles fossiles et la restructuration de la dette, au menu de ce sommet de deux jours, rendront difficile une déclaration finale dimanche.
La priorité américaine à New Delhi, elle, est économique : doper les capacités de financement de la Banque mondiale notamment, pour offrir une alternative aux gigantesques plans d’investissement chinois dans les pays développés, les « Nouvelles routes de la soie. »
Avant le sommet, Modi a appelé à financer la lutte pour le climat
Le Premier ministre indien Narendra Modi avait déclaré jeudi que les dirigeants du sommet du G20 qu’il préside ce week-end à Delhi devaient aider financièrement et technologiquement les pays en développement à lutter contre le changement climatique.
Dans un contexte de températures record et meurtrières à travers le monde, les militants pour le climat n’ont de cesse de s’alarmer, en particulier pour les pays en développement, si le G20 ne parvient pas à un consensus.
Selon Modi, l’Inde a soi-disant pris les rênes du « Sud global », avec l’ambition d’être une tête de pont entre les pays développés et en développement.
« De nombreux pays du Sud se trouvent à différents stades de développement et l’action en faveur du climat doit se poursuivre de façon complémentaire », a écrit Modi dans une tribune publiée par plusieurs médias indiens et des quotidiens internationaux, notamment en Grande-Bretagne et au Japon.
Au niveau mondial, les pays riches n’ont pas encore tenu leur promesse de fournir aux pays pauvres, d’ici à 2020, 100 milliards de dollars par an de financement pour le climat, ce qui fait douter que les pollueurs aideront les pays à la fois vulnérables et les moins responsables du réchauffement, à relever les défis du changement climatique.
Le G20 est composé de 19 pays et de l’Union européenne, qui représentent environ 85% du PIB mondial et une part équivalente des émissions de carbone.
« Les ambitions en matière d’action climatique doivent s’accompagner d’actions en matière de financement du climat et de transfert de technologies », a ajouté M. Modi.
« Nous pensons qu’il est nécessaire de passer d’une attitude purement restrictive sur ce qui ne doit pas être fait à une attitude plus constructive axée sur ce qui peut être fait pour lutter contre le changement climatique », a-t-il ajouté.
Lors d’une réunion des ministres de l’Energie du G20 en juillet, ils n’avaient pas réussi à s’accorder sur une feuille de route visant à réduire progressivement l’utilisation des combustibles fossiles, ni même à mentionner le charbon, combustible sale qui reste une source d’énergie essentielle pour des économies telles que l’Inde et la Chine.
Ces deux géants asiatiques comptent parmi les plus grands pollueurs de la planète, mais ils affirment que les pollueurs historiques de l’Occident doivent assumer une responsabilité beaucoup plus importante dans la crise climatique mondiale actuelle.
Le consensus du G20 sur l’énergie et le climat a achoppé sur la résistance de pays comme l’Arabie saoudite et la Russie, qui craignent qu’une transition pour l’abandon des combustibles fossiles ne porte atteinte à leur économie.
« En raison de l’impact du changement climatique, il sera essentiel de garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle », a fait valoir Narendra Modi, précisant que l’une des solutions consistait à « stimuler l’agriculture intelligente face au climat ».
« La technologie est un facteur de transformation, mais elle doit aussi être accessible à tous », a-t-il souligné.