Le 6 mai 2023, le Royaume-Uni intronisera son nouveau roi. Charles III sera couronné à l’abbaye de Westminster. Les préparatifs sont entamés. Mais une question demeure : quel en sera le coût pour le contribuable britannique ?
Le Guardian publie cette semaine, et pour la prochaine quinzaine, une grande enquête sur les finances de la famille royale. Le principal quotidien britannique de gauche a mis sur pied une unité dédiée au « prix de la Couronne ». Quinze journalistes, chargés d’enquêter sur le patrimoine de la famille royale. À l’échelle d’une rédaction, quinze journalistes, c’est une « armée ». L’objectif de cette « armée », c’est de répondre à toute une série de questions que le journal considère d’intérêt public : combien d’impôts paie le roi ? Quel loyer paient les princesses Béatrice et Eugénie pour vivre dans des résidences royales, alors qu’elles ne travaillent pas pour la Couronne ? Combien coûte la sécurité de la famille ? Le journal promet de nouvelles révélations jusqu’au couronnement.
Toutes ces questions n’ont pas de réponse publique. La Couronne britannique n’a en effet aucun devoir de transparence. On sait que le gouvernement reverse tous les ans une partie des revenus du parc immobilier de la Couronne aux Windsor. L’année dernière, un peu plus de 90 millions d’euros d’argent public ont servi pour couvrir, entre autres, les voyages officiels. Mais on ne sait pas à quoi est tenue la famille royale en échange de ce « salaire ».
Il ne s’agit d’ailleurs pas de la seule source de revenus de la Couronne, et c’est là que ça devient beaucoup plus flou. Buckingham explique que comme n’importe qui, les royaux ont droit à une part de vie privée. Le palais avance aussi des questions de sécurité, par exemple pour ne pas révéler les coûts de protection civile.
Au Royaume-Uni, il y a un système, appelé les « requêtes liberté d’informer » qui doivent permettre à n’importe quel citoyen d’obtenir des réponses sur des questions d’intérêt général. Ces requêtes sont régulièrement rejetées dans le cas de la famille royale. Or, selon le Guardian, les Britanniques sont en droit de connaître ces informations sur ceux qui les représentent.
La presse, au Royaume-Uni, est de manière générale très clémente vis-à-vis de la Couronne britannique. Du moins, elle l’était sous Elizabeth II, qui représentait une figure tutélaire respectable et respectée. Elle-même était plutôt partisane de cette opacité. La publication de cette enquête marque un tournant, même si le Guardian est tout de même nettement plus à gauche et plus offensif que la plupart des autres médias britanniques.
Mais il est vrai que la figure de Charles III suscite moins de révérence. Il est régulièrement caricaturé dans les dessins de presse. Il n’est pas exclu que les journaux se sentent plus libres sous son règne de poser des questions plus dérangeantes vis-à-vis de la monarchie.
Le roi est riche, très riche. Plus de deux milliards d’euros de bijoux, d’œuvres d’art, de voitures de luxe détenues personnellement, et de palais et résidences royales. D’autant que le souverain n’aurait payé aucun droit de succession sur son héritage à la mort de sa mère. Au sein de cet héritage, entre autres : près de 30 millions d’euros de chevaux de course qu’avait acquis Elizabeth II.